Appuyée de la société civile
Décidément,
l’été de 2013 brisera plus d’un tabou. Après le spectaculaire déjeuner
du mois ramadan pour la tolérance et les libertés individuelles, c’est
au tour d’une autre question refoulée d’être soulevée. Celles des
blessés de Tafsut Taberkant. Décidés à voir les blessés revenir sur la
scène politique, Hanine Chikh, victime lui-même, nous explique ce qu’il
présente comme « le début d’une longue série d’actions soutenues des
blessés et parents des victimes, et qui auront lieu en Kabylie et à
Alger ». Les citoyens kabyles sont appelés à soutenir en masse la
première de ces actions, une marche du 26 Août* à 10h.
La date initialement programmée le 19 août a été reculée au 26 août par les organisateurs.
Les
victimes interpelleront les autorités algériennes sur leurs engagements
envers les victimes pour faire aboutirdes revendicationsde base : la
reconnaissance officielle des blessés comme victimes et la prise en
charge des cas graves.Le mouvement des blessés promet en plus de «
passer à d’autres étapes » si les autorités ne répondent pas «
rapidement et favorablement » aux appels émis lors de la série d’action.
Les faits remontent déjà à 13 ans. Hanine en avait presque autant,
lorsqu’il est touché par les balles assassines de la gendarmerie
algérienne, dans une répression sanguinaire qui aura duré plusieurs
semaines sans interruption. Il est l’un des plus jeunes blessés
kabyles ; c’est aussi l’un des plus actifs sur le terrain post-2001.« Il
faut savoir que les revendications des blessés et parents des victimes
seraient en fait satisfaites si le gouvernement avait mis en application
le décret présidentiel. Il fut signé déjà en 2002 ! », commente-t-il.
Mais leurs droits ne sont pas les seules questions qui agitent les
blessés. Alors qu’ils pourraient se centrer uniquement sur leur statut
et leur réinsertion économique, les blessés rappellent les
revendications sociales et idéologiques qu’ils prônaient en 2001. En
d’autres termes, si la société a oublié les blessés et martyrs de 2001,
ce n’est pas réciproque. Avec une générosité qui force l’admiration, les
blessés viennent remettre les principes de leur combat à l’ordre du
jour. « Tamazight est pour nous un sujet important. Consacrer notre
identité, à travers une reconnaissance effective et sérieuse de la
langue tamazight, est une revendication importante de l’insurrection de
2001 », explique Hanine. En outre, et toujours dans le registre des
revendications sociales, il estime qu’il faut dénoncer l’absence du plan
spécial de développement de la wilaya de Tizi-Ouzou. Revendication
pourtant non régionale, mais que les blessés de toute la Kabylie
soutiendront certainement, puisque comme le souligne notre
interlocuteur, Tizi est « la dernière des wilayas sur le plan
développement et investissement ». La ville mérite à ce titre une
revendication spécifique dans laquelle les blessés n’auront aucun mal à
reconnaitre l’esprit de la révolte de 2001.
Deux nouveautés sont à signaler dans cette reprise de combat pour les blessés :
d’une part, ils se représenteront eux-mêmes, sans intermédiaire, et
d’autre part leur action aura pour objectif d’aboutir très rapidement.
Ce relancement d’organisation intervient dans un contexte d’absence
d’organisation pour les blessés et parents de martyrs depuis une
décennie.
De son coté, en tant que blessé, Hanine avait pourtant initié des
actions en parallèle de la CADC. Il avait notamment interpellé les
autorités sur la reconnaissance et la prise en charge sérieuse des
victimes, ainsi que la révision de leurs pensions. Au total, 3 ou 4
lettres pour les autorités partaient tous les ans, depuis 2003. « Nous
avons écrit des courriers à maintes reprises au premier ministre et au
président. On nous a toujours répondu avec des courriers que le contact
devaient être pris avec la wilaya, responsable local du dossier », se
souvient Hanine, qui rapporte avoir envoyé une dizaine de lettres à ces
responsables. Contacté, le service de la wilaya, réfute toute
responsabilité et estime que les courriers envoyés à la présidence ont
été mpal interprétés et qu’il est bien du ressort des autorités
centrales de répondre aux blessés...
Il faut rappeler que la dernière action menée par les blessés, c’est
la tentative de rencontre avec Sellal venu surprendre Tizi-Ouzou à la
mi-juillet. Mais la précipitation qui aavait caractérisé cette venue
avait rendu impossible l’organisation d’une action mieux planifiée des
blessés : seules trois victimes étaient présents. Un chiffre que Hanine
considère tout de même significatif sur le plan symbolique, pour
commencer.
Fatigué d’être baladé de la sorte, découragé de recevoir une réponse
satisfaisante de la part des autorités sur ce qui devrait être un droit
indiscutable pour les blessés, Hanine décide de laisser tomber les
actions formelles individuelles pour monter au créneau, avec une série
d’actionsrassemblatrices. La première de cette série d’action c’est donc
une marche. Elle commencera au portail principal de l’université de
Hasnaoua,à 10 h,et finira par un sit-in à la wilaya. Le jour choisi est
le 19 Aout, un lundi, justement jour de visite de la wilaya.
Tous les blessés et les parents de martyrs de 2001 qui recoivent
cette information sont priés de se joindre à cette marche à Tizi-Ouzou,
le lundi 19 Aout. Hanine Chikh est joignable pour éclairer les doutes
des victimes et parents de martyrs sur cette initiative ou répondre à
leurs questions. Ceux-là peuvent le joindre au numéro de téléphone : 07
71 11 40 98. Pas d’appel des autres citoyens, s’il vous plait ! Pour
ceux-là, Hanine, tout comme les blessés et parents de martyrs pourront
être rencontrés le jour de la marche du 26.
Car il s’agit là d’une marche des blessés appuyée par la société civile. « La
participation populaire sera très importante car elle donnera de la
force à l’évènement ; nous appelons les citoyens kabyles à venir en
force », comme le souligne Hanine. En tant que citoyens, ne
manquons pas à ce tout petit devoir envers des héros que le peuple
kabyle doit avoir sur la conscience –et honorer.
Samia Ait Tahar.de Kabyle.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire